Au coeur du gynécée
Les filles, en lettres modernes, sont des créatures farouches et, pour un anthropologue sensuel comme moi, un sujet d'études particulièrement intéressant. Au fil des cours, je découvre aussi bien de jeunes vierges effarouchées éprises d'Edward Cullen, d'équitation, et de chocolat, que d'amazones sauvages, tendrement libérées. Cette assurance, souvent factice, possède des attraits indéniables. La pudeur, la candeur, l'innocence de nos jeunes Bella Swan en puissance a un charme certain. Je suis un des rares mâles admis dans ce gynécée, dans des études que l'on considère à tort comme exclusivement féminines. Autour de moi, papillonnent tant de jeunes filles que je ne sais plus où donner de la tête.
Le célibat, sur bien des plans, a des atouts, c'est certain. Cependant, il a probablement davantage de défauts. L'abstinence, évidemment, en est un. La vie de couple, c'est tout de même de la paresse. Plus besoin d'aller chasser pour avoir du gibier.
Croyez-le ou non, mais je ne suis sorti qu'avec très peu de jeunes filles de ma fac. Evidemment, je vous ai dit récemment que j'aimerais me faire...pardon, que j'aimerais honorer de mes ardeurs ma professeur américaine. J'ai des pensées carrément interdites au moins de dix-huit ans en cours. Mouahaha, que voulez-vous, nous autres hommes sommes des animaux ! Nous ne pensons qu'au coït ! Où en suis-je? Eh bien, je la fais rougir (et je vous épargne la rime qui m'est spontanément venu). Je la trouble. Mes cheveux, un peu trop long, me donne un air charmant d'étudiant studieux (dixit Alexia). La drague est devenu un jeu bien rodé. Pourtant, je ne parviens à l'inviter. Dois-je attendre la fin du semestre ! ô sentiments impétueux, ô luxure tentatrice (bon allez, j'arrête de faire mon Corneille).
Les filles en lettres modernes, donc. J'ai une Jane Austen dans deux de mes cours. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose dans ses tenues très anglais, dans ses boucles brunes délicatement coiffées en chignon, dans ses petites lunettes rondes, son air bon et patient, me fait penser à Elizabeth Bennett. Ai-je l'étoffe d'un Darcy? Il y a aussi cette jeune étudiante à l'air timide et sérieux qui parle si bien de Molière, et celle qui, faussement effrontée, me passe des cours dont je feins d'avoir besoin et qui s'est laissée embrasser dans un café et qui, depuis, me couve d'un regard timide, et indécis, ne sachant que faire de mon cas. Il y a cette étudiante au nom américain qui fait des fêtes fabuleuses dans l'une desquelles je me suis retrouvé vêtu en tout et pour toi d'un drap (j'étais déguisé en Zeus). Tant de filles, si peu de temps.
A part ça, je suis célibataire.